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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-08-2008 à 11:36:15

Théroigne de Méricourt. l'expérience du cachot.

Elle naissait, il y a juste 246 ans, dans un petit village du Luxembourg, Marcourt, qu'elle va un jour, en le déformant légèrement, associer à son nom : Théroigne. C'est ainsi que l'on se fabrique des apparence de noblesse, serait-on né dans la sillon comme c'est son cas. Il y a des problèmes dans la famille, de l'ordre du banal, comme la mort qui la fait orpheline de mère. On la dirige sur une tante qui l'éduque puis l'exploite alors que le père refait sa vie avec une "jeunette". Théroigne (ça lui servira de prénom, encore qu'elle s'appelle Anne-Josèphe) quitte un foyer où pleurnichent 10 enfants. Elle se fait vachère puis retrouve un emploi, le perd, se fait adopter par une dame charitable, une anglaise, qui l'emmène dans ses terres. Une liaison ratée avec un aventurier, un dédommagement financier, et Théroigne gagne sa liberté. Une tentative malheureuse de reformer sa famille échouant elle part en Italie avec ses frères (qui l'exploitent) tente une carrière dans la chanson et semble se livrer à la débauche (version contestée par ses biographes).
C'est l'actualité qui la ramène en France et les bruits prometteurs de la Révolution où elle va trouver un territoire à sa mesure.
Son action est d'abord celle d'une dame tenant "salon" que fréquentent des idéologues : Camille Desmoulins, Fabre d'Eglantine, Brissot (des idéologues ou des aventuriers ?). Elle même se perd dans les vicissitudes de la Révolution, s'y confond, y gagne une sorte de légende alors qu'il est bien difficile de cerner exactement son action, et l'impact qu'elle peut avoir sur les évènements.
Lasse du désordre, elle tente un nouvel ancrage dans son pays d'origine. Y achète une maison, veut jouer les bergères. On la soupçonne d'être une envoyée des révolutionnaires. On l'arrête. On l'enferme au château de Kufstein. La voilà sous son nouveau visage. Martyre d'une cause où elle flamboyait. Conduite à jouer de son charme. C'est une version soft (?) d'une nouvelle du marquis de Sade. Le décor est là. On est à l'époque des "romans terrifiants" inventés par des romancières anglaises où le château menaçant joue un rôle de premier plan. L'enfermement se confirme  lorsque Théroigne, devenue folle,

est logée à la Salpétrière. Un nouveau personnage apparait. Versant du côté de l'horreur, un corps (qui fut beau, désiré) devenu une loque ;  un comportement, qui était galant, se confondant avec l'infamie. Est-on encore chez Sade ?