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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 31-08-2008 à 17:32:21

Vuillard intime avec Annette Vaillant.

Le Paris de Bonnard (entre le place Blanche et les Grands Boulevards) , celui de Vuillard (autour de la place Vintimille), celui de Proust (du côté de la Madeleine) se  mirait dans les eaux encore immaculées des plages normandes. Tout ce Paris de la bourgeoisie lettrée, de l'aristocratie frelatée, se retrouvait entre villas à colombages et hôtel des Roches où l'on jouait au bridge le soir sur les terrasses rougies par le soleil couchant.
Un brin de mélancolie atteint ceux qui s'en souviennent et distillent de touchantes, notes de mémoire tant le bonheur qu'ils évoquent n'est pas d'un bloc mais fait de minuscules choses, de rencontres aussi, car on avait l'art de se trouver, de s'unir (parfois pour des mariages mondains, parfois au nom de l'amour) et il en résultait une étonnante généalogie de l'intelligence et du talent, où le pouvoir de l'argent n'était qu'un agréable moyen de se donner tout à soi et à ses passions.
On ira s'égarer (il y a tant de personnages à découvrir) du côté des pages foisonnantes de Jacques Porel ("Fils de Réjane") ou dans la prose exquise d'Annette Vaillant ("Le pain polka"), un regard tendre, savoureux et parfois impitoyable sur tout cette faune bigarrée.
Annette Vaillant (du "clan" Nathanson, les créateurs de la Revue Blanche) porte une attention particulière à Vuillard (qui a fait son portrait). Il est bien l'homme de la situation, le représentant de cette génération rêveuse et hédoniste. D'où chez lui le plaisir évident de peindre. Ce qui donne à son oeuvre une saveur particulière.
Les écrivains et les peintres de cette époque inspirée avaient trouvé le bonheur (dont celui de créer, de s'apprécier), ils laissent le bonheur de les découvrir dans toute la fraîcheur de leur enthousiasme. Sommes-nous vraiment les petits-enfants d'une génération  aussi féconde et émerveillée ?