Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 12-09-2008 à 12:45:33
L'écriture verticale.
Tant écrire que lire peut dépendre de la position du scripteur. A voir "le Scribe accroupi" on comprend qu'il est dans l'état du secrétaire (serviteur ?) à l'écoute et qu'il a adopté (forcé?) la raideur de celui qui cherche à se donner une dignité dans l'état de sa condition. A moins que celle-ci soit l'effet de celle-là.
Ecrire, pense-t-on, implique un petit rituel, des instruments et un climat. L'écrivain à sa table de travail, c'est Paul Valery, alors que l'aube se lève à peine, installé dans son cagibi, parmi ses papiers, dossiers, carnets, et la plume à la main l'esprit en éveil, vagabondant, les mots épousant le cours de la pensée, à moins qu'ils ne se concentrent, comme les rayons d'une lumière convergente vers l'acuité d'une "idée". On ne peut négliger un comportement autre, comme celui de D.H. Lawrence qui écrit "sur ses genoux, sous une arbre" c'est ainsi qu'il compose l'admirable "Amant de Lady Chatterlay". On est là dans l'esprit d'une adhésion étroite, panthéiste, avec la nature.
On appellera écriture horizontale celle qui s'inscrit (et se développe) dans cet ordre et cet espace qui est donné à la réflexion ici, à l'émotion là.
Pour l'écriture "à l'ordinateur" je propose l'image de l'écriture verticale. Elle se déroule sur l'écran, rendant invisible la partie achevée quand on avance, alors que la page papier s'offre toute entière à la vue.
Cette avancée "à tâtons" dans l'écriture (donc dans la lecture), ne va pas sans quelque désagrément et gâche un peu le plaisir ( ainsi que celui du graphisme car écrire c'est aussi dessiner). En revanche, la méthode offre l'avantage de lire immédiatement dans le temps même de l'écriture. Ce qui permet de prendre sa distance, peut-être de devenir juge et partie en même temps.
Commentaires
j'aime la solemnité de l'écriture par ordinateur, assis, le dos bien droit, comme pour jouer du piano
j'aime surtout la distance, le recul que l'on doit prendre en écrivant, ou après avoir écrit : cela me sauvergarde du geste impatient qui me fait arracher la page, la froisser et la jeter sur le bureau ; ne pas reconnaître mon écriture m'oblige à un certain respect de ce que j'ai fait ...