VEF Blog

Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 17-09-2008 à 12:14:24

Profession écrivain.

Ecrire est une chose naturelle. C'est une sorte de respiration qui engage le corps autant que l'esprit (il serait pédant de dire l'âme). Pourtant, faire oeuvre d'écriture n'est pas sans danger, voire ridicule. Rien de plus pédant, gênant (pour l'entourage), que de faire oeuvre d'écrivain, s'afficher comme tel.
La lecture du savoureux journal de la "petite dame",  Maria (Théo) Van Rysselberghe, qui se dévoue à André Gide, dénonce, sous la parure des souvenirs, des notations quotidiennes, la fatuité de l'écrivain qui ne vivant que pour son écriture entraîne autour de lui une soif de dévotion, d'admiration, sans quoi l'oeuvre ne fonctionne plus. Que son oeuvre l'occupe tout entier serait justifié, qu'il fasse subir à son entourage une sorte de culte (souvent quotidien) autour des affres de sa création témoigne d'un égocentrisme irritant. Montaigne ne parle que de lui, s'entoure de lui-même pour alimenter ses "essais", il ne semble pas qu'il se soit cru autorisé à mobiliser tout son entourage pour partager le miracle (et le supplice) de la création.
J'ai de la tendresse ( peut-être de l'admiration) pour les oeuvres littéraires qui se font en marge de la vie (quitte à l'engager, la dérouter, la vivifier, la magnifier dans la magie des mots). Un tel, qui s'affiche "homme de lettres", va faire carrière derrière ses livres. Aujourd'hui un Jean d'Ormesson, par exemple, pourtant sympathique, mais n'est-il pas la caricature de son milieu ? Et de la même veine tous ces "écrivains" qui font les plateaux de la télévision, et mobilisent l'attention du public sous la prestigieuse étiquette d'écrivain célèbre.  Une oeuvre est alors un "fond de commerce". C'est un phénomène contemporain, accéléré par les médias, la puissance de la télévision qui fabrique des vedettes, cautionne des choix souvent contestables.
Vivre en littérature ce n'est pas y faire carrière. Un  Marcel Proust y laisse sa vie, s'y crucifiant, s'engloutissant dans la lave incandescente du verbe qu'il maîtrise, et voici dans la lignée flamboyante, un James Joyce, un Joe Bousquet, une Katherine Mansfield, une Virginia Woolf, et bien d'autres encore, qui ne sont pas des faiseurs de littérature mais habités par elle.


 

Commentaires

ooz le 17-09-2008 à 22:04:08
c'est tellement vrai, et pas seulement dans le milieu de la littérature ♥ ♥ ♥

Donnez-nous s'il-vous plaît des nouvelles de Hans-Christian Anderssen à bientôt ♪♫♫