Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 07-10-2008 à 14:49:03
Pierre Skira, le poids du silence.
Le poids du silence.
C'est vers le monde des objets en voie de destruction, marqués par l'usure du temps, des accidents, que se penche Pierre Skira. Il aura su, dans le tohu-bohu de la vie artistique contemporaine, inscrire son sillon, le baliser, donner du sens à la plus banale des réalités, la plus prenante parce qu'elle a vécu, qu'elle est encore frémissante de sa longue traversée des apparences.
Marcel Duchamp avait, dans les années 20, par téléphone, depuis New York, donné à sa soeur qui vivait à Neuilly, des instructions pour tenir exposé aux intempéries un livre accroché à la balustrade de son appartement et qui enregistrait toutes les variations climatiques.
Pierre Skira joue le même jeu de l'engagement dans un espace menaçant, mais le sien est le temps.
On pensera à Chardin pour le caractère minutieux de la description, de la définition de l'objet dans sa présence altière et tranquille. Mais quand Chardin peignait le murmure des objets, un lieu de réflexion, Pierre Skira s'engage dans l'espace de la souffrance, de l'inquiétude, à moins que l'on puisse parler d'une sérénité crispée comme l'avait fait René Char dont il retrouve la pertinence de l'énoncé encore qu'il ne fasse pas de la peinture littéraire, toujours trop descriptive. Pierre Skira porte un regard aigu sur les choses qui sont en souffrance. La Nature morte l'est bien, cette fois.