Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 14-10-2008 à 15:22:07
Staudacher, la peinture de la colère.
Le geste de colère de la peinture.
Il fallait le voir, accroupi, pinceaux en main (plusieurs à la fois pour changer plus vite comme le chasseur en battue dispose de plusieurs fusils), tournant autour du papier posé au sol, jetant, çà et là, avec une sorte de rage les coups de pinceaux qui s'entrecroisaient, se catapultaient comme épées à l'assaut, fouillis d'une terrible bataille.
Une sorte de danse initiatique, un spectacle en soi. L'idée n'était pas neuve mais il l'a portée à ses extrêmes (peut-être étaient-ce les derniers sursauts de cette peinture gestuelle qui allait disparaître).
Retour en arrière. Il y a André Masson (dans les années 30) qui couvre sa toile d'une sorte de colle et y projette, à l'aveugle, des jets de sable retenu comme une sorte de coulée tellurique ( d'ailleurs n'y a-t-il pas, à l'origine, le complexe du volcan ?)
Inspiré par l'exemple surréaliste Jackson Pollock en développe toutes les possibilités. Ce sont de magnifiques odes à l'étendue sidérale, la recréation (la suggestion) des vastes espaces qui nous entourent et dont nous ne sommes qu'une infime partie prenante.
On évoquera Georges Mathieu qui, lui, affrontait à la verticale la toile pour la couvrir de signes d'une altière audace. On est à dans le cousinage de cette gestualité qui revendique le droit de refuser la figure (la figuration), la réalité, et propose une autre réalité qui, d'ordinaire, nous échappe, celle de notre être entier, jusque dans les obscurités de notre inconscient.