Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 26-10-2008 à 14:25:14
Souviens toi de Gérard de Nerval.
La composition d'un livre pour Gérard de Nerval procède d'un système qui souligne que toute l'oeuvre baigne dans le même climat. Chaque livre est le morceau du "livre unique" qui est le miroir de son moi profond. On le voit, à la fin de sa vie, et peut-être parce qu'il publie dans la presse, avec ce que peut entraîner son rythme, ses exigences dans la manière même d'écrire, procéder à des assemblages de textes divers, qui n'a rien d'arbitraire que la multiplicités des orientations choisies, des "entrées" comme on dit dans un ouvrage de référence.
Chaque morceau est une ouverture, une pénétration à la recherche du coeur central, là où toute une vie s'épuise à le trouver, le retrouver peut-être puisqu'écrire c'est aussi chercher le point central, le lieu de félicité perdu ( comme on a perdu le paradis).
Alors, avec l'âge, une certaine précipitation s'explique. On rassemble les bribes, les morceaux épars pour sauver la maison sinon la construire quand il est encore temps.
On ne veut pas laisser les efforts de toute une vie en chantier.
Ne va-t-on pas scruter les cahiers, les notes, les fiches autour d'une oeuvre achevée pour en mieux comprendre le sens. Connaître les fondations, les épreuves, les recherches et même les échecs qui l'entourent.
Gérard de Nerval est exemplaire dans ce destin d'une oeuvre avec ses joyaux, ses éclats, et la mise en forme compacte de tout ce matériel d'exploration jusque dans les arcanes de l'inconscient, de l'imaginaire. Des Filles du feu aux Petits châteaux de Bohème, des Illuminés aux Chimères, c'est tout un monde dispersé qui trouve son unité. Il construit son propre mausolée. Pour le souvenir.