Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 04-11-2008 à 23:03:40
Silhouette de Sima.
La vie littéraire s'appuie aussi sur le monde de l'art. La commentant, la complétant, lui donnant une dimension visuelle qui entre pour beaucoup dans son audience.
Le surréalisme aura largement usé du concours des peintres qui lui assurent une part considérable de son prestige et de son attrait. L'exemple aura été suivi. Ainsi du groupe que Léon Pierre-Quint fédère sous le sigle du "Grand Jeu".
Léon Pierre-Quint est un esprit libre, ouvert, aux curiosités multiples. On lui doit de remarquables observations sur Lautréamont. Il pilotera un réseau éditorial qui donne toute ses chances à un poète (réputé difficile) comme Roger Gilbert Lecomte. Une amitié intense, une complicité fidèle donne toute ses chances à une voix essentielle de la pensée et de la poésie des années de l'entre deux guerres.
Le peintre complice, c'est Sima, venu des brumes de l'Est, chasseur de mystères, inventeur d'un monde délicat et fluide où des ombres surgissent comme venues d'une eau profonde.
C'est dans la délicieuse et calme cour de Rohan (débouchant du passage du Commerce, à l'Odéon) que Sima a installé son atelier (il y a aussi Balthus qui fait du lieu le sujet d'une de ses toiles les plus audacieuses).
On a, là, la conjoncture des personnages et du lieu propice au développement de leur personnalité. Léon Pierre Quint est saisi dans toute la subtilité de son évanescence, un profil d'aristocrate, une désinvolture de dandy.
Ami des poètes, leur complice drapé dans son mystère. La pudeur de l'intelligence.