Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 03-12-2008 à 16:08:47
Malcom de Chazal à la brocante.
Jean Igé jeune poète, étudiant en médecine, qui fréquentait le Soleil dans la tête, et publiait ses poèmes chez l'éditeur Millas Martin (qu'est-il devenu ?) était en correspondance avec Malcom de Chazal, dans son île lointaine: l'île Maurice.
Il paraissait évident qu'on publie des poèmes de Chazal dans la revue Sens Plastique d'autant plus que ce titre même était emprunté à celui du plus célèbre recueil de l'écrivain. J'en avais connu l'existence par Jean Paulhan à la Nouvelle Revue Française, qui se faisait le promoteur enthousiaste de "Sens Plastique", un curieux recueil de textes qui relevaient de tous les genres sans se fixer à aucun d'entre eux. C'était alors, avec "Mes Inscriptions" de Scutenaire (un belge), une bouffée d'air pur, une prose innovante, totalement originale et témoignant d'un esprit vif et peu conventionnel. Une percée vertigineuse à l'intérieur du verbe, de la pensée et une formulation tout à fait singulière.
Sens Plastique (trente numéros), malheureusement, ne poussa pas loin son intention de rendre hommage à Malcom de Chazal. Différentes raison (oubliées) en furent responsables, tout comme fut ratée l'idée de rendre un hommage, non moins justifié, à André Breton qui ne se montra guère enthousiaste à cette idée (à la suite d'une petite querelle autour de l'exposition "Eros" de 1960).
Malcom de Chazal est resté dans ma mémoire, et ce n'est pas sans émotion que je dénichais ses livres édités d'une manière presque clandestine, dans les petites échoppes de l'île Maurice, perdus parmi les objets folkloriques et les journaux venus d'Europe. Négligés semblait-il par les clients, et que l'on négociait pour des sommes dérisoires. On vous montrait aussi des gouaches du poète. Des poignées de soleils et d'étoiles disposées dans un ciel de pure fiction.
C'est quand elle est quasi clandestine que la poésie porte ses forces les plus lointainement, les plus durablement dans notre mémoire. Parce qu'on mesure sa force à sa clandestinité, et que d'avoir à la dénicher lui donne plus de prix. D'où notre penchant (serions-nous un club ?) pour des poètes oubliés, négligés, dont on retrouve avec émotion les pépites précieuses dans des livres dont la découverte même est une merveilleuse aventure.
Commentaires
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j'ai toujours peur de vous déranger avec mon babillage ... mais cette couverture de livre ne démérite pas et je voulais en faire ici la constatation
merci de ces bribes essentielles toujours justement illustrées
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