VEF Blog

Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-12-2008 à 14:23:51

René Daumal, un chemin vers l'abîme.

Les hasards de la route, alors que le but était Mézières Charleville, au prétexte d'une manifestation poétique, nous font passer à Boulzicourt, triste bourgade ardennaise, et devant la maison natale de René Daumal (qui était alors à vendre, ce qui ne pouvait que retenir mon attention, la semaine précédente j'avais déjà été tenté par l'achat de la maison natale d'Alain - Mortagne - et de Charlotte Corday, on n'est pas plus éclectique dans la culture des références).
La maison de René Daumal n'avait d'autres séductions que d'être liée à son souvenir car, d'apparence (et donnant directement sur une route bruyante et boueuse), elle était plutôt sinistre. On pouvait bien comprendre la hâte de la quitter et de retrouver de lumineux compagnons comme ce fut le cas de Daumal, étudiant à Reims, aux côtés de Roger-Gilbert Lecomte et Roger Vailland, (plus tard s'associant avec Maurice Henry, Arthur Harfaux, Pierre Minet pour animer le mouvement du ""Grand Jeu").
Daumal tel qu'en lui-même et si proche, il faut qu'il soit de constitution fragile, (encore que jeune il était très fort en gymnastique ), traînant ce genre de maladie qui vous ronge et vous abat au final, comme l'arbre qui s'effondre au coeur de la forêt. Car Daumal est au coeur d'une pensée incandescente. Une ardeur de l'esprit qui trace son chemin de lumière entre poésie et mysticisme, cultures lointaines et sens du sacré. L'expérience pour traverser le miroir des apparences l'aura brisé. La drogue, les excès en tous genres conduisent alors aux portes de l'abîme.
Le poète couché  : on pense à Joé Bousquet, à Rimbaud après le drame de Bruxelles, à Apollinaire enfin, blessé de guerre et sur son divan comme une statue brisée.


 

Commentaires

Saintsonge le 23-12-2009 à 10:09:38
J'ai connu des excès qui me mirent en borderline ; j'en suis revenu par la bordure des lignes, c'est mieux d'allonger ses phrases sur la blancheur du papier que son dans des draps de même couleur, son corps avachi et lourd de douleurs.