Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 13-12-2008 à 16:35:55
Rimbaud, danger !
Sans doute il fascine. Toutes les générations sont passées par là. L'adolescence se moule sur ce modèle qui conjugue la beauté et le génie, la liberté et l'insolence.
La poésie s'est soumise à son verbe enflammé, plus rien n'est possible sans passer par son exemple. Le surréalisme (parmi tant d'autres mouvements) l'a admirablement statufié lui qui n'en demandait pas tant. Pourtant il faudrait bien admettre qu'il faut le mériter. Le revendiquer, ne suffit pas. Ce serait trop facile et lâche que de se croire son disciple quand on casse des vitrines et insulte le passant. Rimbaud s'est si totalement engagé dans son aventure qu'il s'y est perdu. C'est ce perdre que de se renier. L'âpre marchand d'arme du Harrar n'a plus rien à voir avec le collégien échevelé de Charleville-Mezières qui aspire à un autre monde.
C'est une alchimie du verbe bien trop subtile pour s'imaginer rivaliser avec elle en jetant l'ivresse dans les mots. Il y a chez Rimbaud une situation similaire à celle d'un saint dont on veut suivre l'exemple en restant paisiblement dans ses pantoufles. Qui peut prétendre rejoindre Saint Augustin, ou Saint François d'Assise en demeurant attaché à son confort bourgeois qu'ils refusent, fuient.
Etre Rimbaud c'est risquer la sanction sociale, le déportement dans les marges, l'abandon du possédant que nous sommes tous un peu malgré nous. Rien dans les mains, rien dans les poches et tout dans un cervelle en effervescence qui réinvente le monde en réinventant la verbe.
Alors il reste comme une figure de légende. On s'incline devant son audace, son destin brisé. Il y a un autre Rimbaud qu'on invoque jamais : porté sur une litière (dessinée par lui) à travers les sables du désert destination Marseille. Pour y mourir.
Commentaires
je passe sur ton blog pour te souhaiter un bon week-end