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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 16-01-2009 à 11:01:36

René Rougerie, les mains à poètes.

René Rougerie.

Rimbaud évoquait les mains à plume et les mains à charrue. Que n'a-t-il évoqué les mains à poètes. Celles qui travaillent au vif pour donner au poème sa forme lisible, lui donner une architecture graphique. Ces héritiers de Restif de la Bretonne qui, lui, composait directement ses textes sur le pupitre de l'imprimerie en puisant dans la case les caractères à assembler sont rares aujourd'hui. Au début du XX° siècle il y aura le véhément, funambule  Pierre Albert-Birot, et nous vient à l'esprit Guy Levis Mano, l'unique et légendaire ambassadeur de la poésie surréaliste. De sa génération Iliazd, ou encore Jacques Haumont ou François Bernouard (qui avait son atelier dans l'immeuble de la rue des Saints Pères où vivait Remy de Gourmont et où vivra, par la suite Pierre Albert-Birot), et, plus près de nous : Pierre André Benoit (dont le sigle est PAB), Jean Vodaine (le Gaston Chaissac de l'imprimerie) enfin René Rougerie qui est resté fidèle à la région de Limoges et, après Saint Léonard de Noblat s'est installé dans ce ravissant village de Mortemart avec son château en lambeau, ses halles et ses maisons à l'accent médiéval.
Il livrait lui-même dans une petite camionnette les ouvrages fraîchement sortis de ses presses à bras. On le voyait régulièrement au Soleil dans la tête où il apportait, comme des  nouvelles fraîches, des textes retrouvés de Joé Bousquet, de Saint Paul Roux ou de ses amis Marcel Béalu, Jean Follain, Jean Rousselot dont il était le fidèle éditeur.
Il fut l'artisan de Sens Plastique qui conservait cette "odeur" particulière de l'encre et de l'atelier artisanal, l'édition retrouvant là le charme des anciennes échoppes où se façonnent des oeuvres qui n'ont pas d'âge.