Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 16-01-2009 à 16:52:27
Lautréamont, une main nocturne.
La légende veut que Lautréamont écrivait la nuit. Philippe Soupault, un de ses découvreurs, affirme même qu'il accompagnait la rédaction de ses strophes barbares d'accords plaqués sur un piano, ce qui irritait fort ses voisins.
Il y a tout lieu de croire que Laurtréamont était un piéton invétéré, fouineur des incongruités que lui offrait la rue qui était alors le tremplin des formidables métamorphoses opérées par le verbe. L'écriture, cette danse d'encre conduite par la main sur le papier, traduisait-elle cette fougue ? On connaît peu de manuscrits de sa main, sinon des "lettres d'affaires", dans ses rapports avec ses éditeurs. Le territoire des convenances, où la passion s'est probablement contenue pour faire bonne figure.
On connaît peu d'écritures qui ne se maîtrisent jamais, n'ont aucune pudeur, comme celle, pathétique, d'Antonin Artaud, dont mêmes les lettres (nombreuses) portent la marque d'une hâte de la pensée, peut-être même de cette fièvre qui le conduira vers la folie.
La folie de Lautréamont peut se masquer, porter l'habit de la bienséance qui ne le coupe pas du monde. C'est bien l'un des paradoxes de son comportement qu'il ne fut pas radicalement seul (ce que l'oeuvre pourrait laisser entendre) ni rageur en permanence.