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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 20-01-2009 à 14:21:39

Francis Carco au bar.

Francis Carco soigne son image dans ce Paris des "Années folles", entre petites frappes de Montmartre et nostalgie à la Gérard de Nerval. Plus proche des artistes qui disent le monde dans ses soubresauts et ses fragiles séductions que des mystères de l'inconscient et le merveilleux prôné par le surréalisme. Il milite pour une poésie proche de la chanson, de la fantaisie verbale et au rythme du coeur.
Il parie plus pour Utrillo ou Dignimont (qui fait son portrait et illustre ses livres) que pour Miro ou Max Ernst maîtres d'un art d'expérimentation. Il procède d'un héritage (Villon, à qui il rend hommage) et ne préconise pas une avancée audacieuse dans l'espace de la culture. Le poids des sentiments plutôt que celui d'une aventure de l'esprit.
J'ai le souvenir d'une édition très usagée d'un recueil de poèmes (est-ce "La Bohème et mon coeur") mais assez richement relié, qui traînait dans la bibliothèque familiale. Certains poèmes étaient annotés, des phrases soulignées, c'est ainsi, nous dit-on, qu'on assimile le mieux un texte. Le rôle du crayon dans l'appui de la mémoire.
L'élégance un peu narquoise, un rien voyou, de Carco vissé sur un tabouret de bar, c'est l'image du  poète dans l'errance urbaine qui alimente son oeuvre. Carco y avait-il rendez-vous avec son ami Paul-Jean Toulet, ou le farceur Willy, à moins que ce ne soit avec quelque belle flambeuse de Pigalle dont il connaissait tous les secrets.