Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 21-01-2009 à 23:04:50
Les tableautins d'Aloysius Bertrand.
C'est Breton qui l'écrit : " Dans la nuit de Gaspard, qu'importe s'il faut étendre longtemps la main pour sentir tomber une de ces pluies très fines qui vont donner naissance à une fontaine enchantée". Titre d'honneur et d'accès au cercle raffiné de ceux que le surréalisme reconnaît comme des leurs, ou comme leurs ancêtres. Baudelaire, déjà, avait rendu justice à l'auteur des poèmes en prose dont on dit qu'il s'inspirera. Bertrand cisèle des poèmes comme de précieux bijoux où les mots étranges entrent par effraction et gagnent leur lisibilité dans ce qui ressemble fort à un "tableautin" (on dira un tableau sans prétention, proche de la pochade), saisi sur le vif, et vif de ton°. D'où ses références significatives à Jacques Callot le sublime chroniqueur des guerres et de leurs atrocités, et des atrocités d'un monde qui jongle avec la mort et les démons de la nuit. D'où ce "Gaspard de la nuit" en qui Aloysius Bertrand consigne tout son monde et ses facettes miroitantes. Et rallions le jugement de Huysmans : " ce fantasque Aloysius Bertrand a transféré les procédés de Léonard dans la prose et peint, avec ses oxydes métalliques, des petits tableaux dont les vives couleurs chatoient ainsi que des émaux lucides".
N'est-il pas significatif qu'un Max Jacob se réfère à lui, dans l'élaboration du poème en prose à facture "cubiste".