Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 21-01-2009 à 23:15:33
Joan Miro chez Pierre Loeb.
Ils sont tous là, comme dans la chanson, et pas corses pour autant. Ce sont les poètes du surréalisme alors que celui-ci est au sommet de son prestige et de son attrait pour de toujours jeunes recrues qui viennent se coaguler au groupe initial (Breton, Soupault, Aragon, Eluard, Max Ernst, Benjamin Péret) Il y a là René Crevel avec sa prose ensanglantée de méchante mémoire ; Roger Vitrac et ses galéjades qui raniment l'esprit d'Alfed Jarry ; Joé Bousquet et sa prose sorties des ténèbres de sa chambre de demi mourant ; André Masson et sa pétulance érotique : Antonin Artaud, un pied parmi eux, un autre dans la culture de sa douleur ; Michel Leiris, sorti des totems nègres pour régler des comptes avec sa propre vie ; Jacques Baron, que l'on compare à Rimbaud en raison de son jeune âge ; Georges Malkine égaré dans des rôles secondaires au cinéma ; Robert Desnos, piéton de Paris, piéton des rêves ; Jean José Boiffard, qui fit les belles photographies qui ornent le texte de Breton : Nadja ; Max Morise, un second couteau qui mérite mieux que la place qu'on lui donnera ; Marcel Noll qu'on a rencontré dans "Le Paysan de Paris" ; Georges Limbour que l'on dit dans des pays lointains d'où il envoie des signes fraternels ; Roland Tual égaré dans le commerce d'art. En ai-je oublié. Ils sont tous là, comme dans la chanson. C'est que l'enjeu le vaut. C'est la première exposition du facétieux Joan Miro. Et dans une galerie qui compte, parce qu'elle est celle de Pierre Loeb, l'un des plus lucides marchands d'art de cette époque. Jouant la carte de l'éclectisme qui est toujours mal vu dans une société qui rationalise jusque au monde de l'art. Franchir la "ligne jaune" de son clan c'est prendre tous les risques. Pierre Loeb savait les prendre. Chez lui on pouvait voir aussi bien Pascin que Picasso, c'est tout dire.