Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 01-02-2009 à 11:58:09
L'ère du bal.
Chaque génération s'invente une nouvelle nuit festive. Elle est le rassemblement de tous ceux qui "font" l'actualité, créateurs, journalistes, chroniqueurs, mauvais garçons, filles faciles et snobs en tous genres. Les Années folles font se confronter les bals à apaches, chers à Carco (qui sont plutôt du côté de Pigalle) et ceux que fréquentent les surréalistes, dans les coins reculés de Montparnasse.
C'est l'émergence de la musique nègre, du jazz et de la drogue.
Brassai aura admirablement jeté son oeil scrutateur dans les coins les plus glauques de cette nuit câline et débraillée où la prostitution fait bon compte des règlements en vigueur, créant un type de femme ardente, souvent artiste ou au moins complice de ceux qui exaltent son corps, en posant comme modèle. C'est une prostitution bon enfant, complaisamment chantée par les poètes ( de Carco à Robert Desnos). Offrant, d'un Paris chamarré et bruissant d'ardeurs nouvelles, une vision qui provoque le scandale et fortifie l'essor des arts et des lettres qui s'y alimentent avec volupté.
Le bal est le complément obligatoire d'une nuit de fête, de ripaille et d'errance.
Il est aussi, selon une version littéraire, une page de cette descente aux enfers modernes invoquée dans les grands textes antiques, tant les poètes se prennent pour de nouveaux Homère et inventent des étapes symboliques dans l'itinéraire parisien.
Il sera, dans "La solitude de Lautréamont" (à venir), l'espace de la multitude et des embrasements, alors que le cinema porno sera l'espace de la solitude et de la chute. A suivre.