Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 09-02-2009 à 14:50:01
L'extase de l'écriture.
On en est arrivé à admettre qu'on ne peint plus nécessaire pour représenter quelque chose. Mais la peinture en tant que matière est une fin en soi. Elle est son propre sujet. De même, en littérature, il ne serait plus absolument nécessaire qu'il faille "raconter" quelque chose. Ni témoigner. La roman réaliste, le roman psychologique obéissent à des normes qu'il est impossible de négliger. Ils survivent, se modernisent. C'est la littérature la plus appréciée du lecteur qui y trouve enseignement, divertissement, évasion. Mais on peut faire usage de l'écriture avec d'autres ambitions. Elles se situent aux frontières de la poésie qui, déjà, prenait ses distances avec le sujet, se faisant musique au besoin (comme le voulait Verlaine). On est là au stade des mots qui distillent leur propre saveur, suscitent la rêverie, engendrent le plaisir. Et de les assembler s'annonce le "plaisir du texte".
On n'écrit plus pour "conter" mais suivre la marche des mots en leurs caprices, leurs assemblages, l'espèce de tissu savoureux qu'ils tissent parfois même sans qu'on saisisse d'emblée leur sens. C'était l'expérience avouée de Philippe Soupault et André Breton dans "Les champs magnétiques".
C'est d'une pénétration attentive, patiente, qu'on en retire toute la saveur. Et sous la couche verbale ainsi construire on découvre l'espace du rêve, voire de la méditation.
Méditer sur les mots c'est l'exercice de l'ouverture sur l'inconnu. Car les mots sont alors les clefs qui nous ouvrent des territoires ignorés, inconnus, surprenants et jouissifs. On arrive à l'écriture de l'extase.
Commentaires
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voilà en ces quelques lignes (que j'aurais aimé savoir écrire aussi nettement) la presque justification de notre presque folie
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NB l'avantage, tout de même, d'avoir un peu étudié les langues 'étrangères', mortes ou vives
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merci Sorel pour ces quelques lignes de limpidité
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