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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 16-02-2009 à 16:09:45

Max Jacob entre le bordel et l'autel.

Les rapports de Max Jacob avec la foi religieuse sont d'une étrange subtilité. On sait qu'alors qu'il vivait à Montmartre, dans le voisinage étroit du Bateau Lavoir (atelier entre autres de Picasso), Max Jacob se dévergondait dans les "mauvais lieux" de Pigalle et pour se faire pardonner, franchissait, sur les genoux, la montée d'escaliers qui conduisent au Sacré Coeur où il servait la messe du matin.
Du bordel à l'autel il mène ainsi une vie de misère et de repentir.
Lors de son installation à Saint Benoît sur Loire il se met sous la protection du curé local. Entretient des rapports de confiance avec le personnel de la basilique dont il se fait volontiers le guide pour les touristes nombreux qui s'y présentent.
Il travaille dans une chambre qui a des allures de cellule monastique. Entretient l'illusion de la pauvreté, distribuant des onctions mi religieuses, mi poétiques à tous ceux (nombreux) qui viennent à lui. C'est ainsi qu'il se trouve parrainer "l'Ecole de Rochefort" (René" Guy Cadou, Jean Rousselot, Marcel Béalu, Roger Toulouse, Michel Manoll....). Pour vivre il commerce des oeuvres peintes ou dessinées sur papier (il utilise volontiers la gouache). Son inspiration échappe aux normes du moment, aux inclinaisons vers l'avant-garde qui élimine la représentation  réaliste et s'engage dans une remise en cause complète de la peinture. Ce n'est pas son problème. Peintre, il l'est avec la modestie qui était celle des moines du moyen-âge peignant pour l'Eglise. D'ailleurs les références religieuses sont constantes.