Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 19-02-2009 à 13:54:16
Léo Larguier le chineur.
Les laboratoires médicaux diffusaient, dans les années 50, pour leur publicité, des revues d'une rare qualité culturelle, dédiées, le plus souvent, aux arts plastiques et à la littérature. Mon adolescence a été nourrie de cette littérature de qualité et sans esprit de chapelle. La clientèle médicale avait ceci de positif qu'elle n'entretenait pas de préjugés vis à vis de certains aspects de la culture. Les admettant tous et sans bâtir des frontières entre les genres. Le milieu universitaire, les professionnels de la culture n'ont pas cette largeur de vue. Ce serait pour eux un scandale de confronter, ou d'évaluer dans une joyeuse compliciteé, à leur juste valeur, des créateurs aussi éloignés que (pour l'exemple) André Breton et François Mauriac, Miro et Gus Bofa, étant pour l'un contre l'autre. On y est farouchement sectaire, ce qui n'était pas le cas du médecin ouvert à toutes les cultures et, surtout, revendiquant le statut d'amateur, le dilettantisme qui est une vertu. Il vaut mieux passer pour superficiel, léger et futile en revendiquant le droit d'aimer sans logique historique des créateurs qui se sont même opposés dans leur démarche.
On ne peut considérer la culture comme un territoire de clans qui s'opposent les uns aux autres. De les admettre tous donne le plaisir et la jouissance qu'on peut attendre d'elle.
Alors, va pour découvrir, côte à côte, Francis Carco et René Char, Artaud et André Maurois, Max Ernst et Gromaire, Braque et Mathieu....
De surcroît, on s'adonnait volontiers à la recherche érudite autour de phénomènes
culturels jugés "mineurs", comme la "petite Histoire" ou le quasi fétichisme qui entoure le souvenir des créateurs que l'on admire.
Léo Larguier fut un modèle de ces écrivains dit de "second plan" qui associent l'art de la poésie et celui de chiner.
Fureter dans la culture c'est aussi la déguster.