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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 08-04-2009 à 14:44:49

Artaud et l'asile.

L'enfermement, qu'il soit celui de la prison ou de l'asile, exerce une sorte de fascination et dote la création de ceux qui en sont les victimes d'une auréole prestigieuse. Le Marquis de Sade aurait-il une aussi large audience s'il n'avait pas été une sorte de martyr de la morale d'une société qui refusait d'admettre son comportement. Et le prison n'a-t-elle pas été finalement la source (sinon le moteur) de son oeuvre. L'isolement ouvrant largement l'espace de l'imaginaire et du fantasme. De même, l'oeuvre de Jean Genet est toute entière nourrie de l'enfermement adolescent (sort des enfants orphelins ou abandonnés et confiés à des institutions).
Le cas d'Antonin Artaud est plus complexe. L'asile lui a donné un prestige lié à la souffrance, lui qui dénonçait justement (même étant libre) cette difficulté d'être et surtout de dire son "mal être".
L'asile va exacerber ce mal, le précipiter dans des abîmes que tentent d'explorer les déviances du langage, ses désarticulations, ses maniements effrayants. Comme si, le verbe, affolé, défiait ses limites, C'est une langue électrisée qu'il maniera avec une force qui la détruit. Son physique dénonce cette lutte intérieure, cette chute vertigineuse vers les abysses  d'où souvent l'on ne revient pas.