Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 14-04-2009 à 13:59:43
Mireille Havet, une étoile filante.
La rédaction d'un Journal est souvent une incessante interrogation sur soi-même, un travail d'approche avant la plongée dans une grande oeuvre qui, souvent, ne voit pas le jour, le Journal étant un substitut. C'est aussi le porche d'un univers personnel, l'espace où il se construit autant qu'il se cherche.
Il sera d'autant plus précieux que l'oeuvre annoncée ne vient pas. La Journal de Gide accompagne son oeuvre, celui de Mireille Havet la remplace, constituant l'essentiel de ce que l'on peut attendre d'elle. Car on attendait beaucoup à en croire les témoignages qui la cernent. Née en 1898, morte en 1932, elle aura vécu avec fougue, désespoir et un affront constant aux règles de la bourgeoisie qu'elle provoque comme toute cette catégorie d'écrivains auxquels on se plaît à la rattacher : Jacques Rigaud, René Crevel, Jacques Vaché avec en point commun une morte précoce.
Les débuts sont brillants : attention d'Apollinaire publiant ses premiers poèmes dans "Les Soirées de Paris", un court récit préfacé par Colette, et le passage (dans la figure de la mort) dans Orphée de Cocteau. Mais Mireille Havet brûle sa vie dans le feu des années folles (drogue, sexe, perte totale de vocation sociale).
Elle avoue avec une franchise désarmante son goût exclusif pour les femmes, elle fréquente le monde saphique alors en effervescence avec ses figures emblématiques comme Nathalie Barney, Colette, Lucie Delarue-Mardrus, Renée Vivien.
L'écriture de Mireille Havet se prête admirablement à la tenue d'un Journal qui retient les émotions premières, les sensations subtiles, un rapport purement sensuel avec la réalité. Elle a, en particulier, de curieux rapports de style et d'ouverture sensuelle sur le monde, avec Katherine Mansfield. Un enivrement au sein de la nature, où elle trouve son ton le plus juste, le plus personnel, fait de tendresse et d'émotion.