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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 04-05-2009 à 12:13:21

La stratégie du vide grenier.

Il faut d'abord s'arrêter au terme.  Le vide grenier est un acte fondateur, il est aussi une chute annoncée de ce qui, relevant de notre quotidien, a perdu sa fonction, son charme et son attrait.
Le grenier fait rêver (se souvenir des admirables pages de Gaston Bachelard sur ce thème). Enfant on y découvre le monde, certaines des plus belles pages de la littérature lui sont consacrées. De ce bric-à-brac qu'on aura déversé sur le trottoir (autre perspective qui réveille l'inconscient !) les objets sont promis à une nouvelle vie. Ils font le trottoir, mais leur destin est plutôt dynamique. Celui qui les choisira leur donnera une manière de renaissance.
D'abondance ce sont les vêtements qui s'y font la belle. Robes défraîchies, mais sur le corps juvénile d'une charmante adolescente, ils retrouvent une certaine beauté (et c'est dans l'ordre des choses, et une mode chaque fois reconduite qui entraîne les jeunes à se vêtîr avec les oripeaux d'une ancêtre). Chaque vêtement proposé à la vente souligne une étape d'une vie passée (des premières robes du bébé à la mantille de l'aïeul, en passant par la robe de bal) récupéré par des mains nouvelles et souvent ravies, il devient l'instrument d'un jeu de séduction.
Les jouets d'enfant ( avec l'âge ils perdent leur raison d'être)) sont à l'avant-scène de cette parade parfois impudique. Souvent celui qui les cède semble s'en excuser et donne des explications sur ce passage en d'autres mains. Vendant les jouets ne vend-t-on pas des années heureuses !
Reste enfin les livres. Souvent entassés, négligemment, au fond d'un carton. Il faut fouiller, se risquer dans les épaisseurs de papier jaunis pour trouver la  perle, l'ouvrage qui peut même être rare et on se demande par quel biais il aura abouti dans ce qui n'est souvent qu'un ramassis d'ouvrages disparates, encore que tout tas de livres ainsi livrés à la curiosité du chaland en dit long sur celui qui les propose, comme une bibliothèque est toujours le portrait de son propriétaire.