Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 13-05-2009 à 11:01:35
L'abbé Mugnier une commère des Beaux Quartiers.
L'abbé Mugnier était de la trempe de ceux qui, au XVIII° siècle, hantaient les salons aristocratiques et faisaient bonne figure même s'ils étaient d'origine prolétaire car la soutane leur donnait le droit de défier leur condition sociale, et surtout leur humour, leur aisance naturelle à frôler le péché sans s'y perdre, mais surtout à tendre l'oreille aux confidences qu'ils suscitaient. Il y a un confesseur en tout porteur de soutane et l'abbé Mugnier ne s'est pas privé d'en user, d'en abuser même, son "Journal" fourmille de portraits, de notes, de ragots qui en font un Saint Simon du faubourg Saint Germain, l'originalité du style en moins. Pourtant il aurait voulu être écrivain et c'est pour s'en consoler de n'y être point parvenu qu'il s'approche à pas de loup d'Anna de Noailles (personnage type de cette société caviardée par l'argent, la futilité, le snobisme, mais non sans talent), Proust (un concurrent qui chassait sur les mêmes terres - mais pour faire un chef d'oeuvre), Valery (snob à ses heures), Anatole France (sorte de figure du commandeur dans les salons littéraires) ou Jean Cocteau qui est partout et surtout là où il bien d'être vu. Sur ce théâtre des mondanité il promène un regard vachard complété par un usage fort habile de bons mots. Il faut avoir de l'esprit dans cette société à défaut d'avoir des blasons. Son Journal est un tableau fourmillant et drolatique. Une douche froide dans le confort des salons ouatés où l'on se donnait facilement en spectacle.