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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-05-2009 à 10:05:40

Chroniques nonchalantes.

Il faut revendiquer le droit de ne pas créer un "univers en soi" comme Balzac ou Zola ( d'ailleurs on n'en est pas forcément capable) et pas nécessairement, pour autant, s'attarder sur son seul et mirifique nombril. Ecrire c'est aussi s'épandre et s'éprendre du monde, donner au regard toute sa force et  tenter, par les mots, de retrouver le charme d'un instant, d'un lieu, d'un moment miraculeux. Car il peut l'être sous de multiples formes.
A travers la chronique tout instant est un morceau d'exception, de charme et même parfois riche d'enseignement. Encore que dans l'esprit du chroniqueur il n'y a pas nécessairement la valeur ajoutée de la réflexion, il sera plus poète que philosophe, et porté à traduire une sensation plutôt qu'une connaissance. Ce n'est pas un affaire de savoir et jamais un enseignement mais le partage du miracle de la vie quand la vie vaut la peine d'être vécue, donc partagée.
Je vois en un chroniqueur une sorte de photographe de l'instant. Il en aura l'acuité de vue, la rapidité d'enregistrement, la promptitude. C'est une pensée en clic-clac même si le rythme général est celui de la nonchalance qui est la meilleure incitation à bien voir, et voir avec saveur. Le regard pratique est celui de l'huissier, du rapporteur, celui du chroniqueur est le regard de la saveur, du plaisir.
Un roman (et même une saga) une fois lu, (et relu quand il s'agit d'un chef d'oeuvre) est enfermé sur lui-même, si riche soit il, il ne peut donner que ce qu'il a, une chronique, du fait  qu'on s'y accorde selon le moment, présente de nombreux visages. Elle se relit, se déguste, modifiée chaque fois et donc multiple.Et puis un roman c'est une réalité fabriquée, une chroniqueur c'est le monde tel qu'il est, mais passé par le regard de celui qui sait voir.