Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 29-05-2009 à 10:56:32
Le complexe du manuscrit.
C'est le manuscrit de Madame Bovary, mais ce pourrait être celui de n'importe quel roman qui aurait fait l'objet d'un harassant travail de corrections dans une recherche de la perfection.
L'attrait du manuscrit sur la version imprimée et définitive, c'est cet espace d'incertitude qui s'ouvre devant l'écriture. Il s'amorce (non sans douleur) à la page blanche mais il n'est pas interdit de penser que plus grande encore est la difficulté devant une ébauche qui impose sa présence, et freine l'élan de l'imaginaire.
Les rapports de l'écrivain avec son oeuvre se mesurent à l'insistance qu'il aura marqué à ses reprises, ses remords, ses refus et ses incertitudes trahies par les biffures, sabrages et autres interventions parfois rageuses, souvent méthodiques et à travers lesquelles ont perçoit le cheminement de sa pensée.
Quand l'oeuvre a acquit le prestige de la légende, on est particulièrement sensible à la découverte de ce travail qui prend alors des allures exemplaires. On peut aller jusqu'à publier ces différentes étapes, révélant ce qui n'avait pas pour destin de l'être, fouillant dans les arcanes de la création, ressortant des pans entiers que l'auteur ne destinait pas à la lecture. Regard de voyeur qui veut percer le mystère de la création.
Parfois le manuscrit s'orne de dessins, c'est le prolongement de l'écriture, ses pauses quand l'esprit s'égare.
On aura aussi évoqué les manuscrits enluminés (pratique des copistes du moyen-âge). C'est une structure inventée au texte. Son écho.