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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 16-06-2009 à 11:34:52

Degas photographe.

Comme bien des peintres de son temps Degas était fasciné par la photographie et en faisait volontiers usage pour analyser son art.
A tout photographe on demande de "faire son portrait" ce qui est une manière aimable et parfois surprenante, d'entrer dans l'intimité de quelqu'un. Daniel Halévy n'était pas un inconnu pour Degas. Celui-ci avait son rond de serviette dans le bel hôtel particulier de la rue de Douait où toute la fratrie Halévy tenait table ouverte, salon bourdonnant et une vie sociale relevée par l'intelligence, le goût du savoir et de l'art.
Pourtant le Daniel Halévy  photographié dans l'intimité de son chez soi, a quelque chose d'à la fois satisfait et tragique. Un jeu de l'ombre qui est celui de l'intimité mais aussi peut-être d'un mauvais jour.
La pose, dans sa dynamique oblique, est bien celle que pouvait inventer un peintre. Elle donne de l'accent au personnage comme l'éclat volontaire, bien affiché, de la manche de chemise qui relève l'élégance pourtant naturelle du modèle. Et si j'apprenais que je m'égarais que la photographie n'était peut-être pas de Degas (il a peint le père de Daniel, son ami Ludovic), je maintiendrais que j'y vois une familiarité avec l'art du peintre, un prolongement (ou une approche ?) significatif de son art. L'aurait-il peint qu'il n'aurait rien changé à la pose.