Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 19-06-2009 à 11:31:23
Monet jardinier.
Monet fera de son jardin sa plus belle palette. Ici le peintre commande le jardinier, programme des floraisons en raison des couleurs qu'elles promettent. Se promener dans le jardin de Giverny c'est se promener dans un tableau de Monet avec ses vibrations, ses scintillements, ses ardeurs végétales qui suivent le rythme des saisons.
A Ville d'Avray, Louveciennes, Argenteuil, ses précédentes étapes, il avait déjà eu ses jardins. Mais de modestes dimensions et impropres à répondre à son ambition d'en faire une oeuvre globale, comme une sorte d'horloge des saisons et conçu de telle sorte que chacune y apporte sa spécificité, y fasse croître les plantes qui s'accordent à l'évolution du climat, à ses facettes temporelles.
Aidé par plusieurs jardiniers il faisait planter les fleurs non au hasard et selon ses goûts, mais avec la certitude de ce qu'elles pourraient donner le moment venu et de telle sorte qu'il n'y ait jamais de temps mort.
Penché sur leur vivacité et leurs langueurs, il scrute la vie secrète des plantes. Dans cette croissance qui épouse les variations climatiques, les caprices de la lumière, l'ordre immuable des saisons. Il ne le fait pas en scientifique, même s'il partage leur rigueur, il y met plus de souplesse, voire une pointe de mélancolie. Voir les fleurs s'épanouir et disparaître n'est-ce pas, sans emphase, une image de la vie. Une leçon de sagesse.
Il y saisit, fragmentairement, le rythme souverain du monde, exprimé par la main scripteuse (celle du peintre) et il y retrouve une unité impossible à restituer par la description, choisissant de traduire la palpitation qui conduit le végétal de l'émergence à l'engloutissement. Le passage de la vie à la mort. Chantant la vie. Fut-elle brève. La rapidité du geste pictural en mesure la véritable dimension.