Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 23-06-2009 à 14:27:32
Roissy Express en écho de Blaise Cendrars.
Il fallait à Blaise Cendrars des espaces lointains, conquis au rythme des premières locomotives à vapeur, avec le fol défilé des villes exotiques, les clochers dorés de Moscou, les steppes immenses où l'imaginaire s'évade. François Maspero a joué la carte du réduit, aux dimensions de la banlieue parisienne, empruntant le RER, ce Roissy Express qui affiche ainsi clairement ses références.
Le procédé est ingénieux. Tout possesseur de la carte orange pourrait franchir ainsi du nord au sud, d'Est en ouest, l'espace de vie et de souffrance, de saveur et d'humanité, qui ceinture un Paris que le regard du voyageur, pour une fois, évitera. La banlieue donc, dans ses diversités, sa palette étendue de races et de couleurs que Maspero aborde avec bienveillance (et patience), et pourtant il ne fait pas oeuvre de sociologue, et de poète par accrocs, presque malgré lui. Le propos est audacieux, qui demande au voyageur d'abandonner ses préjugés, ses conforts et d'aller au coeur des franges émigrés du vaste monde qui s'offre à lui.
Pourquoi emprunter le Transsibérien quand le RER vous offre le monde à portée d'objectif car la photographie entre en jeu.
Je me souviens d'une enquête collective que Jean François Kahn avait proposé à ses collaborateurs des Nouvelles Littéraires lors des élections de 1981. Chacun avait choisi sa cible, des hommes politiques. J'avais préféré proposer de traîner sur la ligne du Métro parisien reliant la Place d'Italie à la porte Dauphine (au nord par Barbès Rochechourt, au sud, par Denfert-Rochereau). Ce fut une belle ballade à la rencontre des gens.