Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 24-06-2009 à 10:02:55
De l'alcôve au couvent.
De l'alcôve au couvent.
C'est à la cour de Louis XIV que va s'ouvrir cet étrange itinéraire qui mène la belle favorite à l'instant de sa chute, des salons lambrissés de Versailles, aux cellules froides des couvents où elle achève une vie qui fut futile dans les mortifications, les macérations et la prière.
La fraîche, naïve et sentimentale Louis de La Vallière ouvre la voie. Celle-là même qui l'y poussa y est à son tour conduite. C'est l'insolente, crâneuse et agressive Montespan. Françoise Athénais de Rochechourt, marquise de Montespan, après son éblouissante fortune auprès de Louis XIV amoureux, achève sa vie au couvent Saint Joseph qu'elle avait fondé.
Ironie du sort, et comme un subtile écho à un destin qui n'est grand que des illusions qu'il entretient, c'est la marquise du Deffand qui, à la génération suivante, occupera la même chambre, après avoir épuisé les charmes pimentés de la galanterie de ce Palais Royal que le Régent avait transformé en lupanar. Mais d'une solitude forcée, dans un cadre religieux, déchu de ses fonctions, elle va faire un Salon, un haut lieu de l'esprit du XVIIII° siècle, celui-là même qui va préparer la chute de la royauté. Comme si l'intelligence, à défaut de la piété, était une compensation à la débauche.
Le couvent comme annexe à la vanité des "grands" rendus victimes et sensibles, subitement, à ce désenchantement qui suivait de trop fortes ivresses.
Il y aura des retraites saisonnières, comme on fait une cure pour se "ressourcer", il y aura des enfermements aussi résolus que suicidaires (celui de Louise de La Vallière). Comme si, au regard de ceux qui en sont les principaux acteurs, la pénitence est la conséquence inéluctable d'une débauche trop appuyée.
Le chapelet comme médecine, après les plaisirs de l'alcôve, la solitude comme garant d'un rachat de son âme.
Pour pardonner le corps qui s'est épanché dans le bruissement de la soie, l'éclat des fêtes, l'extase des plaisirs, l'âme se retrouve dans l'antichambre du tombeau.