Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 02-07-2009 à 10:01:51
Varennes au galop.
Varennes au galop.
C'est un des premiers ouvrages d'André Castelot et brillant par le ton, précis dans le détail et ouvrant déjà très largement sur l'aspect jusqu'alors un peu négligé de l'Histoire qu'on appellera la petite parce qu'elle entre dans l'intimité de ceux qui font l'événement et donnent sa particularité à l'époque où ils vivent.
"L'incident" rapporté est bien connu, c'est celui de la fuite de la famille royale du palais des Tuileries, et après une journée folle, son arrestation, dans la petite ville de Lorraine, Varennes qui y a acquit son renom.
Ce ne sont que grincements des ressorts d'une lourde berline, galop des chevaux, une comédie "bourgeoise" parmi les têtes couronnées, entre pathétique et ridicule, et l'épanchement à l'excès des sentiments comme l'époque les aimait. On est dans une comédie dont les décors auraient été dessinés par Greuze avant de l'être par quelque plume plus acérée et noire d'un de ces terribles pamphlétaires qui crachent leur venin sur une reine qui fut arrogante et futile et un roi versatile et peu à même de mener une société qui chavire vers un meilleur destin.
L'Histoire a une nature romanesque qu'il est séduisant d'exploiter, donnant chair et sang à des figures figées d'ordinaire dans la rigueur des chronologies, le développement des thèses et des spéculations arbitraires.
Ce frisson de la vie (de la mort) s'annonce chez Michelet qui donne un rythme passionné à ce qui est, avec lui, une fabuleuse aventure des hommes, une saga furieuse et superbe. On l'a suivi dans l'esprit de l'épopée et pour sa dimension "poétique", mais on y ajoutant les détails, les aspects autrement dérisoires s'ils n'entraînaient pas, dans leur sillage, notre destin collectif. Les miettes du quotidien deviennent aussi importantes que les grandes batailles, les traités entre nations.