Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 05-07-2009 à 18:46:35
Youki Desnos, une muse.
Youki la muse.
Elle doit son nom, "rose" en
japonais, au peintre Foujita qui l'avait pour modèle (voir "Le nu
allongé") et pour maîtresse. Elle était une "reine" de Montparnasse.
Bonne fille, légère, amie des artistes et menant une vie de fête
perpétuelle, d'ateliers en dancings, de cafés en parties de campagne.
Après Foujita ce fut Robert Desnos qui l'adopta comme muse. Elle lui
inspire de beaux et souvent pathétiques poèmes (comme le tout dernier,
retrouvé, lors de sa mort en camp de concentration). Robert
Desnos fut une des figures majeures du surréalisme. L'attrait de Youki
entre dans la mythologie de ce mouvement qui plaçait la femme au coeur
d'une vie sentimentale largement rendue publique pour autant que
peintres et poètes célèbrent leur muse et lui donne une célébrité.
Je
me souviens lui avoir rendu visite dans les années 50, dans le fameux
appartement de la rue Mazarine. Elle y vivait dans un désordre
confinant à la misère. C'était la fin de la matinée, elle était
dépoitraillée, sans doute un peu soûle.
Avec ce naturel propre aux
femmes qui ont vécu la bohème, elle m'offrait comme apéritif, le
vin rouge qu'elle devait probablement boire quand j'arrivais chez elle,
accompagné d'un camembert étalé dans son emballage.
J'avais en mémoire le magnifique poème de Desnos :
J'ai rêve tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra dans ta vie ensoleillée.