Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 07-07-2009 à 16:44:16
Le laboratoire central de Max Jacob.
Le laboratoire central.
Le titre, inventé par Max
Jacob, couvre, au delà de ses propres textes, une activité littéraire
qui se concentre en un lieu fixe, chargé, et diffuseur d'une pensée.
Celle de l'écrivain qui se referme (se renferme) sur son cabinet de
travail, et dans certains cas, qui en accuse le caractère intimiste,
dans sa chambre, et souvent, pour des raisons médicales, comme
l'illustre exemplairement Joé Bousquet. Blessé au cours de la première
guerre mondiale, il est condamné "à la chambre" jusqu'à la fin de ses
jours. "Dans cette maison de la rue de Verdun, à Carcassonne, cette
maison aux voletes toujours clos, il y avait un lit immense avec le
coussin réceptacle de son corps, un petit guéridon rond plein de
médicaments, une table pour les manuscrits et la bibliothéque basse.
Quelques tableaux et des lampes toujours allumées". C'est autour de ce
lit (et sa couronne de tableaux porteurs d'une énergie poétique, de Max
Ernst, Tanguy, Bellmer, Fautrier, Magritte, Paul Klee) que Joé Bousquet
recevait ses visiteurs : René Nelli, un voisin, et, de passage : André
Gide, Paulhan, Aragon, et beaucoup de ceux qui vont le mieux illustrer
la vitalité de la littérature française dans les années 30-50, avec une
plus forte concentration encore durant les années d'occupation,
beaucoup de ceux qui rejoignaient la "zone" libre s'y retrouvant.
Espace de convivialité, d'échange et de création. Sur son lit Joé
Bousquet écrit, avec une volonté farouche de sortir de sa condition
d'infirme par la grâce de l'écriture.Un aphorisme résume bien cette
aventure de l'esprit : "C'est le désastre obscur qui porte la
lumière"