Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 07-07-2009 à 17:00:23
En compagnie de Léon-Paul Fargue.
D'avoir été le fameux "piéton de Paris", balisant de
mots et de formules saugrenues le macadam parisien, et de finir cloué
dans un lit ( dans l'immeuble du café baptisé le François Coppée, à
Montparnasse) a quelque chose de tragique. En aucune logique avec un
esprit plutôt porté à la fantaisie. Celui qui fut, jeune, le compagnon
de tournées nocturnes d'Alfred Jarry, l'un des piliers de la NRF, le
compagnon d'un autre noctambule célèbre en la personne d'André
Beucler, va devoir cohabiter avec la lenteur de la méditation en
chambre, les lourdeurs d'une vie sans sommeil, et l'atteinte
progressive de ses moyens intellectuels. La maladie aura mis du plomb
dans ses "'semelles de vent" qui en faisait, tel Rimbaud, un aventurier
du hasard objectif, un chroniqueur savoureux d'un Paris qui va de
biais, n'obéissant pas à la logique d'un urbanisme pragmatique, volant
à l'instant des splendeurs qu'il savait saisir comme au clic-clac d'un
appareil photographique. Un épigone du précieux Jacques Réda qui a
repris, pour son compte, la tradition de l'errance, un frère en
piétonnerie de Jean Follain, car ils sont quelques uns à donner du prix
à la promenade de la saveur au quotidien, du sel à la vie. La
chambre est alors l'antichambre d'une chute finale. L'ultime souffle
d'un destin.
0 miam
[0 commentaire] [0 TrackBack(s)