Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 11-07-2009 à 14:32:22
Fautrier l'enragé.
Fautrier l'enragé.
L'expression n'est pas de
Ponge mais de Paulhan et aurait pu très bien être trouvée par celui qui
considère le peintre comme le plus important de son siècle.
"Chacun
de ses tableaux s'ajoute à la réalité avec vivacité, résolution,
naturel" écrit il dans un de ces nombreux textes qu'il lui consacre. Il
est, avec Dubuffet, le chantre de la matière traitée pour elle-même, en
pâte ardente et puissante qui ne traduit pas la réalité mais en donne
une sorte d'équivalence. En toute logique, partant d'une réalité "drue"
(où l'on peut voir l'influence de Courbet), Fautrier passe à cette
"matériologie" qui ne cherche pas à plaire ni à conter le monde, mais
lui donne un écho retravaillé par la mémoire, la force intérieure qui
conduit le peintre à s'exprimer, en fait le justifie. Fautrier est bien
au coeur de cet acquit de la modernité (dénoncée par Baudelaire à
propos de Manet) où peindre c'est dire la profondeur du monde et non
son aspect et ses anecdotes.