Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 15-07-2009 à 14:28:22
Paulhan en figure de sphinx.
Jean Paulhan en figure de sphinx.
Leurs deux
bureaux ( de notaire) se faisaient face au siège de la NRF chez
Gallimard, d'où l'on avait vue sur les jardins, avec, au fond, le
pavillon où Dubuffet avait exposé dans les années 45-5O.
Arland avec
un minuscule crayon notait des manuscrits et Paulhan, le torse
avantageux, le regard sombre, le timbre de voix étrangement aigrelet,
lançait des aphorismes, des mots qui seraient rapportés dans les salons
parisiens. Il impressionnait. Sa connaissance de la peinture (celle
d'Arland était tout aussi avertie) le portait vers des individualités
plutôt que des "écoles" et c'est ce que j'aimais en lui. En fait ce
sera le propre des écrivains qui s'attachent plus à des peintres qu'à
des principes, des théories et des mouvements.
On le voyait donner
des commentaires, tisser le trame des mots, en marge de Braque, de
Karskaya (on la retrouvera bientôt) de Janine Arland, de Dubuffet, de
Fautrier. Ce qui faisait une sorte de famille d'esprit. J'y faisais mes
classes il en restera quelque chose et la conviction qu'ils sont dans
le vrai. La peinture n'est pas un instrument du progrès mais
l'exploration d'un monde personnel. Vive l'individualité.