Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 16-07-2009 à 15:40:36
Jean Paulhan et la critique d'art.
Alors que le critique d'art
ne fait qu'un compte rendu de l'événement artistique (une exposition,
une visite d'atelier) un écrivain travaille dans le sillage de
l'artiste dont il commente l'oeuvre, il se confronte à lui. C'est un
dialogue. Le livre est, d'ordinaire, le support le plus approprié pour
cet exercice qui échappe à tous les genres littéraires parce qu'il
emprunte à tous. Cela peut aller du poème au discours philosophique, du
journal intime à la recherche sur le langage lui-même. Accompagnant le
peintre dans cette avancée périlleuse au coeur de la matière même, le
langage étant, lui aussi, matière. D'où les incursions dans les
méandres du verbe, la quête d'un absolu qui dépasse le jeu des
apparences et des conventions, la mise en abîme de la pensée qui erre
(comme Virgile au sein des Enfers) dans cette forêt magnifique et
terrifiante des mots. C'est ainsi qu'on a le propos distant et
flamboyant d'André Breton, l'ivresse verbale d'Antonin Artaud, la
sentence énigmatique d'un Paulhan, la transparence d'un Yves Bonnefoy,
la bonhomie souriante d'un Queneau ou d'un Follain, presque tout
écrivain a, un jour, commenté un peintre de son entourage. C'est un
véritable autoportrait.