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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 30-07-2009 à 17:27:26

Molinier l'obscène.

Dans son développement la peinture surréalisme transgresse les articulations historiques qui traitent l'art comme un long fleuve tranquille où chaque découverte enclenche son développement ou son opposition, mais dans une unité, une sorte de complicité de chaque génération qui se regroupe autour d'un principe esthétique dominant. A l'heure de l'abstraction (de ses précurseurs -1910- à sa tyrannie -abstraction géométrique et lyrique- des années 1950) le surréalisme récupère des artistes fidèles à la figuration mais lui apportant cette force de provocation, d'investigation dans l'inconscient, qui est au coeur de sa raison d'être. D'une facture assez neutre (voire conventionnelle) Pierre Molinier passe d'ailleurs à la photographie comme quoi peindre pour lui était surtout montrer et non
chercher à l'intérieur de sa technique des sources nouvelles, peut-être un nouvel élan.
Y domine, en constante reprise, l'exploration du corps démultiplié, un peu comme l'avait montré Bellmer dans sa série des "poupées". Le corps falsifié pour mieux exprimer la sensualité qu'il contient, la force de suggestion de certains détails anatomiques et, plus encore, de leur mise en situation par additions, croisements, déformations qui défient l'anatomie. Avec quelque chose de nocturne, de secret, de soyeux, propre à séduire un poète plus soucieux du contenu d'une oeuvre que de son expression. André Breton cautionne son travail en le révélant dans les années 50, lui assurant une audience que le caractère violemment érotique dont elle se targue la place dans une situation ambiguë entre curiosité esthétique et simple pornographie.