posté le 04-08-2009 à 12:18:28
L'oncle Marcel (Proust).
L'oncle Marcel.
La photographie (le portrait), telle qu'on la pratique jusqu'à la guerre de 1914 définie bien cette société qui, ayant découvert cet art de la ressemblance (et de la durée), impose un certain type humain à la fois dans l'ostentation de sa bienséance et son auto-satisfaction. Proust n'y échappe pas, son milieu l'aura conduit à préserver des gestes, des choix, des attitudes qui n'annoncent rien de son génie propre. Il est largement tributaire de sa classe (même s'il vise "plus haut") et définitivement marqué par les moeurs bourgeoises qui sont le vernis derrière lequel germe l'homme des échappées dans l'écriture et l'abandon aux affres de la maladie qui sans doute, dans son cas, devient un élément positif pour l'engager dans une voie qui n'était pas celle que le passage chez le photographe pour se faire tirer le portrait prévoyait, annonçait.
Jeune encore, et mondain, il a là l'élégance nonchalance de celui que la vie a relativement gâté et qui hante, en usant de tout son charme, les salons des duchesses dont il va tirer les plus cruels portraits, comme Saint-Simon jetait du venin sur les jabots des ducs de Versailles.
Ce pourrait être le gentil tonton qui nous sort le dimanche et nous emmène au bois pour goûter, à la "Marquise de Sévigné".
Qui n'a pas eu le sien, tiré à quatre épingles, et dont on vantait le train de vie fastueux ?