posté le 04-08-2009 à 15:44:59
Les reliques d'André Breton.
Il est difficile d'imaginer ce que pouvait être pour un adolescent de l'après-guerre la découverte (surtout en province) d'André Breton dans sa vie et dans son oeuvre. C'était à Laon, où l'on traînait notre ennui, du lycée où Jean Paul Sartre avait professé quelques années auparavant (alors qu'il écrivait La Nausée), et la vieille ville qui déroulait ses rues aux pavés irréguliers depuis la cathédrale
jusqu'aux remparts d'où l'on avait une vue superbe sur une France qui se souvenait de ses batailles. Un décor propre à susciter les vocations les plus inspirées.
Sans succès, longtemps après, j'ai tenté de le reconstituer dans Le Palais de Diolcétien dont personne n'a voulu, qui conduisait de ce Laon fantomatique à Spilt, dans les plis du palais de l'empereur qui voulait dominer le monde. Une sombre histoire si compliquée qu'en l'écrivant je m'étais perdu. Mais Breton était dans l'ombre, dont nous avions découvert (grâce à Maurice Nadeau) les termes décisifs du Manifeste du Surréalisme dont chaque mot portait à vouloir changer de vie, secouer notre inertie et notre confort petit bourgeois. Rencontré après, à maintes reprises, André Breton n'était plus qu'une représentation de lui-même. Onctueux et péremptoire. Inspirant une sorte de respect, de celui qu'on avait alors pour les maîtres, avec une aura de gloire qui les statufiait. D'ailleurs leurs écrits sont devenus l'objet d'un culte et ont rôle de reliques.
Lit-on une relique, si on la vénère ?