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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 10-08-2009 à 13:53:31

Lautréamont visité par Magritte.

Les Chants de Maldoror offrent le plus formidable territoire de fantasme dont peut rêver un peintre. L'homme des mots, serait-il le plus subtile des poètes, butera sur le verbe incantatoire, inimitable, qui fait tout l'attrait du texte ;  un peintre, un homme d'images surtout (comme Magritte), y trouvera la source incomparable pour se livrer à toutes les spéculations qui cernent le texte, l'enrobent de leur excès même, car tout ici invite celui qui s'y risque à de forcenées escapades imaginaires. Tous les éléments s'en mêlent et le climat de catastrophe nous y est bientôt familier. Un comble. Comment rendre lisible, absorbable, le chant le plus dément, le plus sadique, le plus brûlant qui soit, et nous invective sans cesse, et nous bouscule et nous provoque, et nous précipite dans nos derniers retranchements. Quand la lecture est une guerre de tranchée (on peut se réfugier dans les réserves que l'on s'accorde, les petites omissions que l'on s'invente). Là rien. On est en terrain découvert. Seul à errer dans cette couse folle, impitoyable, fatale. Alors le peintre (ici Magritte) se mêle à l'aventure et distribue, ça et là, des images comme  on en glisse dans un bréviaire, pour scander les psaumes. On s'y arrête un instant, pour souffler.