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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 10-08-2009 à 14:24:38

Nathalie Barney, une Sapho "fin de siècle".

Un souvenir d'abord, flou. C'était dans le cadre d'une de ces grandes soirées du Paris où l'art se confond avec les mondanités. Quelque vernissage de prestige au Grand Palais. Jean Chalon, frétillant, galant, soutien une très vieille dame qui peine à gravir le majestueux escalier plutôt conçu pour des entrées (ou sorties) triomphales. Impossible de mettre un nom sur cette forme vague, emmitouflée qui n'est pas loin de "la folle de Chaillot". Mais une rumeur enfle, parvient jusqu'à mes oreilles et j'y distingue : - C'est Nathalie Barney.
Stupeur (et tremblement), voici, à la dure réalité de son grand âge, celle qui fut l'Amazone de Remy de Gourmont, la beauté incarnée, et l'insolence sexuelle, et le fanion de la liberté, et Sapho célébrée par une horde de beautés peu vêtues (même la pétulante Colette, alors madame Willy,  en était) qui faisaient des rondes à connotation culturelle et antique dans ce fameux "Temple de l'Amitié", caché au regard du commun derrière la porte cochère du 20 de la  rue Jacob.
Il suffisait, dans les années 60, de franchir le seuil, on découvrait un jardin en friche, et les colonnes d'un bâtiment qu'entourent les légendes. Ne va-t-on pas dire qu'il fut offert par le maréchal de Saxe (un ancêtre de George Sand) à la coquette Adrienne Lecouvreur, actrice adulée en son époque;
De sordides histoires immobilières salissent la mémoire du lieu. Un ancien ministre du général de Gaulle et sa digne famille, précipitent Nathalie Barnay (une légende vivante) dans les fosses de l'ignominie en la rejetant d'un lieu dont elle avait créé l'esprit et ciselé de son génie propre l'attrait. Il y a du génie à savoir attirer à soi le monde le plus raffiné des arts et des lettres. Ce qu'elle avait fait sans prétendre pour autant se mêler de créer. Etant sa propre création. Des portraits subsistent qui en témoignent .