posté le 11-08-2009 à 11:03:37
Robert Desnos et la décalcomanie.
Comme la plupart des manuscrits de poètes ceux de Robert Desnos sont abondamment illustrés. Sans qu'il y ait de rapport logique entre images et mots le passage de l'un à l'autre se faisant dans la fantaisie du moment, les pauses de l'inspiration ou encore une espèce de frénésie de l'écriture qui s'empare de tous les modes possibles.
Pour ce texte, "Longtemps après...hier", publié en 1947 avec des illustrations d'Yvette Alde, Desnos fait usage de décalcomanies. On y perçoit alors le caractère artisanal de l'écriture qui fait appel à des diversions, des récréations à seul fin d'orner une page. Comme le copiste médiéval se plaisait à orner les pieuses écritures des ouvrages religieux. Ou encore, comme le faisaient aussi peintres et poètes quand la technologie postale le rendait possible, ornant leurs enveloppes de dessins, de fantaisies graphiques qui n'entraient pas dans la stricte obéissance à des règles pour mieux maîtriser la détection d'une adresse. Aujourd'hui cette pratique (qui peut devenir une expression artistique, c'est le Mail Art) se raréfie, prend tous les risques de condamner l'enveloppe ainsi traitée de "rester en rade", la technologie a horreur de la fantaisie, de l'inattendu.