posté le 18-08-2009 à 00:28:55
Stèles jardinières.
Le mot même de "stèle" a le pouvoir d'évoquer la ferveur qui a gagné la pierre quand elle n'était encore qu'informe et que brute, juste sortie du sol (ou de quelque carrière profonde). L'ornement est la fantaisie du sculpteur, sa phrase intime quand il porte avec son stylet l'empreinte de ses plus secrètes et pieuses pensées. On s'étonne toujours devant l'admirable invention des décors religieux qui font des édifices de n'importe quel culte un espace de méditation, de retour sur soi.
Stèle veut aussi dire mémoire. Détachée de son destin architectural, (que fut-elle en son dessin premier) toute pierre sauvée du désastre et de l'oubli (oh le charme intense des musées lapidaires! ), reprend une valeur nouvelle selon qu'on en fait un usage qui retrouve sa vocation première, d'afficher une foi, une loi, un culte.
C'est d'un grand-père (qui avait couru le monde pour gagner ses galons) et le soir de sa vie venu, recueillant çà et là, comme on recueille des animaux perdus, des pierres qui furent d'abbayes, d'église ou peut-être de châteaux, que je tiens ce respect pour ce qui n'est pourtant plus que débris, souvent informes, encore que la grâce, le style, d'une chose qui fut de noble ambition, subsiste jusque dans le morcellement qui précipite normalement sa chute.