posté le 18-08-2009 à 19:58:41
Apollinaire annonce le livre de peintre.
Picasso à l'honneur quand il s'agit d'Apollinaire, qui rejoindra la cohorte de ces poètes qui vont survivre grâce à la critique d'art, dont André Salmon et naturellement celui qui aura été le plus fidèle (et peu payé de retour) Max Jacob.
La légende veut que la rencontre des deux hommes appelés à confronter leur travail, aurait eu lieu dans un des cafés proches de la gare Saint Lazare.
Apollinaire critique d'art, c'est, grâce à lui, suivre toute l'actualité artistique de ces années de fièvre qui vont précéder la grande guerre et jeter les bases de l'art du XX° siècle : de Derain à Delaunay, en passant par le douanier Rousseau et les futuristes italiens.
Apollinaire voit l'art sans sectarisme, ce qui fait l'attrait de ses écrits mais le dénonce aussi, aux yeux des puristes qui veulent une critique tracée sur une ligne droite, sans digressions ni éclectisme qui est la menace de se faire traiter de futile. Il opte pour le ton familier, goguenard au besoin, et son écriture suit bien la marche, tant la critique d'art, suivant l'actualité entraîne l'art du piéton.
Le "Flâneur des deux rives" sait voir l'art dans le sens de la vie de ceux qui le font, dans une sorte de familiarité avec un milieu dont il connaît personnellement tous les acteurs (Il aurait écrit "Les peintres cubistes" au logis des Delaunay rue de Savoie) . Alors il est devenu un modèle pour qui veut concilier l'écriture (voire la poésie) et un regard sur l'art qui lui est si proche. Il est significatif que pratiquement tous les poètes des générations qui vont suivre s'attacheront à commenter la peinture, à cohabiter avec elle. La pratique du livre où se rejoignent peintres et poètes en est une conséquence.