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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-08-2009 à 11:02:22

Apollinaire banlieusard.

Qui n'y a pas vécu ne peut en comprendre le charme étrange, quand la banlieue était encore marquée par un soupçon de campagne et que l'on y dégustait une vie aux allures provinciales tout en étant à un "jet de pierre" de la capitale.
Dans les années 60 je faisais à Pierrefitte, qui était une charmante annexe de Montmartre (elle avait aussi sa "butte" et ses estaminets),  un court séjour dans une maison de famille avec son modeste jardin et ses pommiers et sur la pelouse, l'armée de sculptures d'amis (Ossa Sherdin, Rancillac...). On y créa la revue "Sens Plastique" et c'était par le train (gare du Nord) des virées au Quartier Latin. Souvenirs, souvenirs, et Apollinaire m'y conduit par le chemin de la mémoire et des pèlerinages qu'inspirent ceux qu'on admire. Au Vesinet, c'était une ville plutôt élégante où la mère du poète, extravagante et capricieuse, malmène son monde et transforme le lieu en zoo intime. Apollinaire n'y vient que le week-end, et devient un familier de la gare Saint Lazare (alors que la gare du Nord était pour moi liée au souvenir de Léon Paul Fargue). Le Vesinet, c'était une mythologie, des résidents de prestige et les moeurs bien ritualisées d'une bourgeoisie aisée qui jouait à la bergère et au jardinier. Apollinaire échappe aux manies du lieu. Il préférera la pétulance d'un  Paris qui grouille de talents, entre la Butte Montmartre et Montparnasse que les artistes sont en train de coloniser. Raymond Roussel n'était pas loin.