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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-08-2009 à 15:10:41

L'imaginaire des ruines.

L'intérêt de l'ouvrage est contenu tout entier dans son titre situant la ruine comme incitateur de l'imaginaire et n'ayant de pouvoir sur l'esprit que dans cette distance qu'elle créé entre sa réalité (pratique, historique) et la leçon  qu'elle dispense. Chacun la contemple à l'aune de ses besoins, de ses rêves, de sa notion de la vie et des buts qu'il s'est assigné pour la bien guider.  
Lire les ruines c'est marcher d'un  pas de somnambule dans les chemins écartés d'une histoire qui n'a plus droit, dans les livres qui se prévalent le pouvoir de nous l'évoquer, qu'à quelques lignes savamment dosées, par un éminent professeur à la retraite qui se refait une jeunesse en enseignant le passé aux jeunes têtes penchées sur ses manuels scolaires.
L'hostilité     affichée des sols que l'on foule dans des champs suffoqués souvent de chaleur, avec, dans les hauteurs d'un  ciel d'été éternel,  les signes énigmatiques du vol lent des oiseaux aux ailes immenses (mais c'était là le livre ouvert des prêtres d'autrefois), le grand silence que l'on affronte comme le murmure des disparus surpris de notre intrusion, sont des éléments plus subtils pour une meilleure découverte de ce qui fut là l'orgueil d'une ville, l'affichage éhonté d'une puissance tyrannique, car si l'on évoque souvent la simplicité des moeurs antiques, et la grandeur d'un destin bientôt brisé par la décadence des malheureux sujets d'une société qui avait perdu son idéal, on perçoit, dans la majesté des ruines, la prix du sang et des cris qui les ont érigées. Toute ruine est une souffrance qui a la mémoire chancelante mais des veilleurs sont là, immobiles, invisibles, qui murmurent à nos oreilles la chronique du lieu. Une ruine, c'est un tout d'un groupe, on cherche souvent le destin d'un seul, car on a l'appétit grandissant des exemples et des modèles, des destins qui nous comblent, faute de pouvoir soi-même aller jusqu'au bout de nous-même. L'attrait des ruines ne serait-il par une recherche du temps perdu ?