posté le 20-08-2009 à 15:28:30
Proust en toutes lettres.
L'abondante correspondance de Proust offre un aperçu de sa complexe personnalité partagée entre un humour complice (ici avec Reynaldo Hahn auquel il avoue son amour) et les constantes allusions à ses bonnes relations dans l'aristocratie dont il recherche, non sans une certaine naïveté, les grâces et l'accueil en leurs salons. Un besoin de mondanité qui trahie le bourgeois mal dans sa peau de bourgeois et se sachant différent. Encore qu'il mettait dans l'aristocratie plus de charme et de pouvoir que la réalité leur en offrait, mais peut-être une certaine distinction de vie (toute en apparence) qui pouvait faire illusion. A y bien voir en son immersion dans un milieu autrement fermé et alourdi de préjugés, il en donne un tableau plutôt terrifiant de bêtise et de sotte vanité. Il aura été, comme son maître Saint Simon (témoin du Versailles de Louis XIV), un juge, et parfois impitoyable. Ce qui donne à la lecture de la Recherche un sens nouveau, une profondeur sociologique qu'on aurait tendance à négliger, emporté par la musique de la phrase, la beauté intrinsèque du style.