posté le 23-08-2009 à 17:44:38
Le perroquet de Flaubert.
Il y en aurait deux. Un de trop. L'un dans une vitrine-musée, l'autre dans ce qui reste de la demeure de l'écrivain, une salle où l'on a réuni, tant bien que mal, des objets liés à sa vie. Un autre perroquet semblable au premier, mais déplumé et en deuil de Flaubert qui l'avait en sa compagnie. C'était pour l'écriture de "Un coeur simple". D'ailleurs à l'Hôtel Dieu, à propos du premier on le précise : " Perroquet emprunté par G. Flaubert au musée de Rouen pour être mis sur sa table de travail pendant la rédaction d'Un coeur simple où il s'appelle Loulou, le perroquet de Félicité, personnage principal du conte de Flaubert".
Même scénario chez Flaubert lui-même. Et le malicieux Julian Barnes l'auteur de ce livre délicieux "Le Perroquet de Flaubert", de reconnaître qu'après tout l'authenticité de la pièce invoquée n'avait qu'une importance relative, sinon pour celui qui aura fait, comme lui, une fixation sur l'objet fétiche. Lequel des deux a côtoyé la souffrance de l'écriture ?
De ce qui reste de l'écrivain, touchant son quotidien, il n'y a, de toutes manières, que des miettes, des laissés pour compte dans un changement radical de l'endroit et la ruine fatale de tout lieu qui, s'il n'est plus "habité" reste pourtant celui qui enveloppe une pensée, une action, un désir dont dépendra une oeuvre.
Toute relative est l'authenticité de ce qu'on nous montre dans ces nombreuses demeures d'écrivains qui ont fait l'objet de très bon guides. Ce sont, de toutes manières, des lieux où est passée l'ombre du génie. Peut-être reste-il un fantôme? Un perroquet ferait bien l'affaire. Mais on sait bien que les fantômes, c'est nous qui les inventons.