posté le 24-08-2009 à 19:27:46
Tinguely dans la rue.
C'est Iris Clert qui nous avait fait découvrir ces infernales machines qui débitaient du dessin à toute allure et de quoi ruiner les spéculateurs. C'était l'intérêt de la chose, et la force du propos. Le dessin mécanique vole à celui que propose la main la priorité de l'automatisme. Tinguely en fera un mode d'action soutenue par son ami Pierre Restany. Dans la foulée du "Nouveau Réalisme" Tinguely offrait la participation la plus évidente de la machine, son intervention relevant du mécanicien qui agence des pièces détachées à des fins de dynamiser le monstre qu'il engendre. J'avais compris le message et voulait faire participer à ma réflexion des amis artistes qui donnèrent, pour ma revue "Sens Plastique", leur opinion. Et sans aller chercher bien loin je m'adressais au milieu qui fréquentait le Soleil dans la tête : Robert Lebel, Pierre Jacquemon, S.W.Hayter, Raymond Grandjean, Gaston Criel, Sonia Delaunay, Lapoujade, Robert Estivals, Pierre Loeb (très hostile et donnant un magnifique témoignage), John Levée, Bertholle, Camille Bryen (dialogue avec le poète Jacques Boursault).
Pour aller jusqu'au bout de l'expérience Tinguely installera sur le trottoir de la rue de Vaugirard, devant Le Soleil dans la tête, une de ces machines drôlement agitées quand elles fonctionnaient et dessinaient à toute volée. Les passants, dessin en main (les veinards), découvraient un aspect de l'art contemporain . L'un de ceux qui remettent le plus radicalement en cause le talent. Voire.
Il y aura de longs débats contradictoires et cela peut continuer